Alice Martinez : French Project Group.
Alice Martinez n’est certainement pas une inconnue pour les spectateurs assidus du Festival de Big Band de Pertuis. Découverte par ce même public lors de sa prestation avec le Norbert Grisot Quartet en 2011, Alice Martinez accompagne depuis deux ans maintenant le Big Band de Pertuis auquel elle apporte la qualité de ses interprétations vocales. Issue d'une famille de musiciens, Alice a grandi dans le jazz et se produit aujourd'hui à travers ses propres projets, à propos du French Project Group elle s'exprime ainsi : |
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« Pour moi, l’amour du jazz est une histoire de famille. J’ai baigné pendant mon enfance dans la musique. Car mon père Jean Pierre Martinez est jazzman. J’estime que la France offre de grandes opportunités pour les chanteurs de jazz de se produire en public, essentiellement pendant la période estivale. Car elle connaît en été un nombre important d’événements. J’écris moi-même mes chansons en français. Les thèmes de mes textes traitent des conditions de la femme, de la question du métissage, de la mafia… Je parle aussi dans mes chansons de la vie que je mène à Marseille. » |
C'est donc avec le French Project Group que débute cette première partie de soirée en ce mardi 5 août, l'occasion pour les amateurs du Big Band de Pertuis, de redécouvrir sa chanteuse, Alice Martinez, dans une création personnelle : le French Project Group. |
Alice Martinez et son trio de musiciens |
Accompagnée habituellement d'un trio (guitare, contrebasse et batterie), Alice a choisi pour ce concert de s'entourer de Lionel Dandine au piano, de Sam Favreau à la contrebasse et de Cedrick Bec à la batterie et la surprise de la soirée est venue de la présence sur la scène de l'excellent saxophoniste Raphaël Imbert. |
Lionel Dandine | Sam Favreau | Cedrick Bec | Raphaël Imbert |
Reprenant des pièces musicales instrumentales de grands noms du jazz (Duke Ellington, Horace Silver, Wayne Shorter...), Alice Martinez y greffe avec élégance des textes en français empreints des couleurs, perceptions et sensations très contrastées de son Marseille natal. Son vécu de cette ville aux multiples facettes, melting-pot bouillonnant, où le meilleur et le pire se côtoient, est transcrit avec brio dans plusieurs de ses écrits: Belle de Mai sur le thème Caravan de D.Ellington, Rue Sénac sur Soulville de Horace Silver et également Juju (Juju est un album du saxophoniste Wayne Shorter sorti en 1964 sous le label Blue Note) qui nous rappelle que Marseille est une ville de marins avec tous les drames passionnels que cela a pu engendrer (clin d'oeil à Marius de Pagnol).
Alice Martinez sait aussi chanter les moeurs de certaines filles de Marseille avec un humour d'une très grande finesse (Le blues de la Gineste) et particulièrement l'éloge des "cagoles" qui est un authentique bijou, à l'opposé de ceux que portent ces jeunes femmes, texte imagé parfaitement soutenu par la musique brésilienne Chega de Saudade. A noter que ces "cagoles" là ne devraient pas déplaire au linguiste et universitaire Médéric Gasquet-Cyrus, spécialiste du parler marseillais et auteur du "Marseillais pour les Nuls".
On ne sait si, pour Alice Martinez, la musique adoucit les moeurs, mais ce que l'on constate c'est qu'elle affectionne particulièrement décrire tous les travers de nos comportements sociétaux qu'elle transcrit avec humour et justesse dans des pièces telles que l'épectase où des hommes plus très jeunes jettent leur dévolu sur de très jeunes femmes avec les risques que de telles situations peuvent engendrer.
Alice Martinez - Belle de Mai"
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Parfois, l'humour s'efface totalement pour chanter avec émotion et une très grande vérité des sujets tels que la prostitution, avec tout le ressenti qu'une jeune femme peut éprouver pour d'autres jeunes femmes auxquelles personne ne donnera jamais réellement de l'amour (Nancy/With a laughing face de Jimmy Van Heusen). Un concert à écouter à deux oreilles, l'une pour les textes chantés par Alice Martinez, l'autre pour la musique parfaitement servie par Lionel Dandine au piano, Sam Favreau à la contrebasse, Cedrick Bec à la batterie et Raphaël Imbert au saxophone, tous auteurs de magnifiques chorus, en faisant de votre cerveau une table de mixage où vous établissez votre propre équilibre émotionnel entre texte et musique. |
Alice Martinez - L'éloge des "cagoles" |
Article et photos - M. Morello - pour AFBBP |