MIZIKOPEYI
Quoi de plus adapté à une belle soirée estivale que de se laisser transporter aux cœurs des Antilles par la magie d’une musique qui exhale la joie de vivre, interprétée par un Big Band de dix huit musiciens, le Mizikopéyi Big Band et son chanteur Tony Chasseur. L'auditeur est invité à se déconnecter et à se mettre au diapason des percussions traditionnelles des Antilles (gwoka, chouval bwa…), des rythmes populaires de la Martinique (zouk, biguine, mazurka, konpa…), soutenus par un pupitre de cuivres dans la grande tradition de la Nouvelle Orléans.
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Tony Chasseur chanteur et conducteur du MIZIKOPEYI BIG BAND |
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Le secret de cette formation consiste en un subtil mélange des percussions traditionnelles des Antilles (chouval bwa, gwoka…), des rythmes populaires de la Martinique (zouk, biguine, mazurka, konpa…), en harmonie avec un pupitre de cuivres dans la grande tradition des grandes formations Big Band. Et le résultat de cette recette non conventionnelle, mériterait trois étoiles au guide Michelin, si celui-ci venait un jour à s'occuper d'apprécier la saveur et la subtilité des sons.
Les mélodies au savant métissage des rythmes antillais et afro caribéens, le talent de Tony Chasseur et sa voix chaude aux accents créoles, le rythme des congas joués par Pierre Michel BALTHAZAR, l'excellence des musiciens installés aux pupitres des sax, trombones et trompettes, ont contribué à faire de ce concert une succession ininterrompue de moments d'intense plaisir, ponctués de chaleureuses et humoristiques présentations de Tony Chasseur.
Pierre Michel BALTHAZAR |
Tony Chasseur - Mizikopeyi - " Flè Bó kay"
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Quelques titres joués, tels que "La haut dans la montagne", "Cécile", Gran Tomobil, "Diamant des îles", montrent toute l'étendue de la richesse musicale de ce répertoire.
Ovationné en fin de concert, l'orchestre le fut, et Tony Chasseur et sa formation se firent un plaisir de rester sur scène pour clore ce concert en reprenant, à la demande du public, le titre avec lequel ils avaient débuté : "La haut dans la montagne".
Bernard CAMOIN - La haut dans la montagne |
Un genre musical qui a séduit et ravi les auditeurs de ce concert qui assurément en garderont un excellent souvenir.
"La haut dans la montagne"
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Les Antilles françaises (Guadeloupe et Martinique) abritent malgré leur petite taille une grande variété de musiques populaires originales qui ont gagné un renom international grâce au succès du zouk dans les années 1980. Originaire de la Martinique, Tony Chasseur, est une star de ce genre depuis une vingtaine d’années, mais en 2001, il cherche une idée originale avec son ami, le pianiste et arrangeur Thierry Vaton. Celui-ci, lui dit que personne n’a jamais encore osé utiliser un big band avec une douzaine de cuivres dans la musique antillaise. C’est alors qu’ils décident de se lancer dans une aventure hors norme en créant le premier big band de l’histoire de la musique antillaise ; le big band Mizikopéyi était né. Au final, un ensemble comprenant une section de douze cuivres, soit dix-neuf musiciens et chanteurs sur scène. En 2008, Mizikopeyi sortait un premier album, « De racines et d’influences », qui puisait dans le patrimoine caribéen et s’ouvrait les portes de nombreux festivals dont le Festival de Jazz de Paris au Parc floral, ou encore le Carib’In Jazz Festival à l’Olympia. Succès donc, et l’envie d’aller plus loin. Pour leur deuxième disque avec Mizikopéyi, Tony Chasseur puise à nouveau dans le répertoire de Guadeloupe et de Martinique – et de Guyane avec quelques pièces de Chris Combette, mais incorpore aussi beaucoup de compositions originales. L’album navigue sur les rythmes traditionnels des Antilles (chouval bwa, gwoka), de Martinique (zouk, mazurka) et plus largement de la Caraïbe (biguine, konpa). « Ka wouvé zel-li », marie avec bonheur les sonorités de la Nouvelle Orléans, les harmonies latin jazz, des arrangements qui redonnent de la modernité à ce répertoire et un swing qui ne faiblit pas d’un bout à l’autre de l’album. Les pièces chantées alternent avec les instrumentaux dans lesquels les pupitres de cuivres sont mis à l’honneur (« La haut sur la montagne »).
Petit lexique musical des Antilles |
Le zouk, originaire de la Guadeloupe puis de la Martinique, est apparu dans les années 80. Ce genre musical est inspiré de la Kadans et de la Cadence-Lypso, créés par Exile One (de la Dominique) avec Gordon Henderson. Dans le zouk, les éléments de gwo ka, de tambour, de ti bwa et de biguine vidé sont prédominants. Bien qu'il y ait de nombreux styles de zouk, il existe quelques points communs. Le créole de la Guadeloupe et de la Martinique en est un élément important et constitue un trait distinctif de cette musique. En général, le zouk est centré autour de chanteurs vedettes sans qu'il soit fait grand cas des autres musiciens et se ramène presque exclusivement à des enregistrements en studio | La Biguine est un genre de musique traditionnelle antillaise que l'on peut diviser en deux types: - la bidgin bélè ou biguine à tambour - remontant à la danse bélè esclave et caractérisée par l'utilisation des tambours bélè et des baguettes rythmiques tibwa, ainsi que par la musique "appel et réponse", des voix de nez et des improvisations instrumentales en solo; elle trouve ses racines dans les danses rituelles d'Afrique de l'ouest, bien que les éléments rituels n'aient pas survécu dans la biguine haïtienne; - la biguine orchestrée - est originaire de Saint-Pierre et remonte au XVIIIe siècle ; elle est fortement influencée par la musique française bien que les paroles soient généralement en créole. |
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Le Gwoka est une musique traditionnelle guadeloupéenne, héritée de la musique jouée par les esclaves africains emmenés par la Traite négrière. Il est principalement joué avec des tambours appelés « ka », famille d'instruments de percussion. | Le Konpa : Le konpa (en créole haïtien konpa ou compas voire kompa) est une meringue moderne, le genre musical d'Haïti que les gens dansent depuis les années 1800. Ainsi le konpa est arrivé dans les Antilles françaises, il y a déjà bien longtemps grâce aux nombreuses vagues d'immigration. | |
Le Bélé : Le bel air (ou bélè) est une musique traditionnelle martiniquaise héritée de la musique jouée par les esclaves africains emmenés par la Traite négrière comprenant plusieurs formes dansées. Le bèlè se caractérise, dans sa rythmique, par les "tibwa" ( 2 baguettes de bois) qui donnent le tempo de base et le tambour qui intervient pour marquer les temps forts et introduire des improvisations de percussion. Le tambour fait l'objet d'une double percussion, par les "tibwa" sur son fût et par le tambourineur sur la peau. | Le Kadans : (cadence en créole) Dans les années 1970, une vague d'immigrants haïtiens à la Martinique ont apporté avec eux le kadans,(le kadans était joué en Haïti par Weber Sicot sous le nom de kadans rampa. Le kadans rampa c'est le même rythme qu'avait inventé Némours Jean-Batiste sous le nom de kompa direc, mais comme ils étaient en forte concurrence Sicot dénomma sa musique kadans rampa) une forme sophistiquée de musique qui a rapidement balayé l'île et a participé à la réunion des anciennes colonies françaises de la caraïbe en combinant leurs influences culturelles.. |
Le chouval bwa est un genre musical martiniquais traditionnel à base de percussions, flûte de bambou, accordéon et kazoo. C'est un style de musique issu de la campagne martiniquaise propre à la célébration et qui s'accompagne d'une danse appelée le manège; c'est de là que vient le nom chouval bwa en référence aux chevaux de bois des carrousels. |
Article et photos - M. Morello - pour AFBBP |