Les Sacqueboutiers et les Jazzmen
Le premier concert de cette soirée du samedi 12 août, aura été une des grandes originalités de cette dix-neuvième édition du festival. Comme l'a rappelé Jean-Pierre Canihac, Les Sacqueboutiers ne s'attendaient pas à figurer dans un festival de big band avec leur programme "Le Jazz et la Pavane" . Cependant, Léandre grau, directeur artistique du festival, a toujours voulu au cours de ces premières parties de soirée, et en particulier pour la soirée de clôture, donner au public l'occasion de découvrir des ensembles proposant des créations originales, sortant des courants traditionnels du jazz. C'est le cas ici avec le mariage de la musique de la Renaissance avec un jazz très créatif donnant la part belle à l'improvisation. Une soirée qui s'est également voulue pédagogique, grâce à la présentation orale de ce programme faite par Jean-Pierre Cornihac et qui s'est poursuivie en deuxième partie par un concert retraçant l'histoire des big-bands avec Stan Lafferrière.
Présentation du concert | |
♦ Les sacqueboutiers |
De l’âge d’or de la Renaissance à la musique d’aujourd’hui
♦ Les Sacqueboutiers, est un ensemble de cuivres anciens basé à Toulouse, aujourd'hui considéré par les spécialistes et par le public comme une référence pour l'interprétation de la musique instrumentale du XVIIe siècle, italienne et allemande en particulier. Depuis leur fondation en 1976, Les Sacqueboutiers se sont consacrés à la redécouverte de la pratique des cuivres anciens et du vaste répertoire musical de la Renaissance. Cet ensemble vous fera ainsi découvrir (ou redécouvrir) les sonorités d'instruments caractéristiques de cette époque tels que le cornet à bouquin et la sacqueboute dont ils ont fait leur emblème.
♦ La recherche de l’excellence musicale reste le moteur essentiel de leur travail ce qui leur a valu d'être sélectionnés comme "Ensemble de l'année" aux Victoires de la Musique Classique en 2008.
Florent Tisseyre, Percussions | |
Jean-Pierre Canihac, Cornet à bouquin |
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Brice Sailly, Orgue / Clavecin | |
Daniel Lassalle, Sacqueboute |
♦ Les Jazzmen |
♦ Les Sacqueboutiers ont élaboré un programme qui tisse des liens entre l’art de l’ornementation, propre aux compositions de la Renaissance, et la pratique de l’improvisation dont se nourrit particulièrement le jazz. Intitulée Le jazz et la Pavane, cette production dynamique a permis d'associer le quintet des jazzmen de Philippe Léogé aux musiciens de l'ensemble des Sacqueboutiers, et c'est à ce mariage que nous avons été invités à assister en ce samedi 12 août dans le cadre du festival de Big-Bands de Pertuis.
Denis Leloup, Trombone | |
Nicolas Gardel, Trompette | |
Jean-Pierre Barreda, Contrebasse | |
Philippe Léogé, Piano et adaptations | |
Fabien Tournier, Batterie |
♦ Le programme |
Le Jazz et la Pavane |
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« Bombarde » Credo de la messe du manuscrit ’Apt « Recercadas » Diego Ortiz (vers 1510 – 1570) Secundo (trompette et trombone) « Con que la lavarè » « Diminutions et improvisations » sur le villancico de Juan Vasquez (c.1500– c.1560) « Toccata settima » Michelangelo Rossi (1601 – 1656) Duo clavecin/piano « Su la Cetra amorosa » Tarquinio Merula (vers 1595 – 1665) Improvisation sur la basse de ciaccona « Passacaille & Ciaccona » Andrea Falconiero (1585 – 1656) Improvisations sur les basses obstinées de passacaille et ciaccona « El Fuego » Mateo Flecha (1481 – 1553) Extraits des « ensaladas » El Fuego et la Negrina. |
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♦ Quatre pièces de Diego Ortiz. |
Primo (sacqueboute et trombone)
« Recercadas »
(suite) Septimo (cornet et sacqueboute) Secundo (trompette et trombone) |
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♦ Diminutions et improvisations sur le villancico de Juan Vasquez |
♦ Improvisations sur la basse de ciaccona |
Sans doute le morceau le plus contrasté de ce programme avec une mélodie très envoutante soutenue par la trompette de Nicolas Gardel, qui laisse place au trombone de l'excellent Denis Leloup pour une improvisation totalement libérée du thème initial et soutenue par la batterie de Fabien Tournier, puis un retour progressif à la mélodie "classique" entamée par les Sacqueboutiers devant un trombone débridé qui s'évanouit peu à peu. Mais c'est compter sans la reprise collective des jazzmen qui tentent d'imposer leur interprétation jusqu'à trouver un point d'équilibre avec les tenants de la mélodie initiale.
♦ Extrait des "ensaladas": El Fuego |
Et pour terminer cette soirée, El Fuego où tous les musiciens se retrouvent pour l'essentiel autour de dialogues entre couples d'instruments avec la mise en exergue des différents éléments de la rythmique donnant à ce morceau une trés grande tonicité.
"El Fuego" | |
Bien que ce programme ait été conçu il y a déjà quelques années (l'enregistrement du CD date de 2012), il reste certainement peu connu, et pour la plupart des auditeurs de ce festival, ce concert fut une agréable découverte. Chacun des morceaux mérite d'être écouté à plusieurs reprises pour en apprécier toute la richesse et la qualité d'interprétation. Un concert qui restera, à n'en pas douter, comme un grand moment de ce festival.
Quelques critiques relevées dans la presse spécialisée concernant ce programme: |
"Jazz et Pavane semblent a priori développer des styles, des sonorités, des pratiques instrumentales bien éloignés. Jean-Pierre Canihac, fondateur et co-directeur musical des Sacqueboutiers, n’a pas eu de mal, ce soir-là, à convaincre du contraire. La chaîne subtile mais solide qui relie la musique de la Renaissance au Jazz a pour nom « improvisation » ! Appelée ornementation ou diminution, pour la première, l’improvisation constitue la sève créatrice du Jazz. Alors pourquoi ne pas mêler les deux et demander aux jazzmen leurs commentaires musicaux sur les « standards » de la musique ancienne ? Le grand jazzman Philippe Léogé a alors conçu une série de grilles d’improvisation basées sur les motifs issus du très riche monde de la musique ancienne. Chaque pièce interprétée naît ainsi d’un original, joué par les musiciens de l’ensemble Les Sacqueboutiers, Jean-Pierre Canihac, cornet à bouquin, Daniel Lassalle, sacqueboute, Yasuko Uyama-Bouvard, orgue et clavecin, et Florent Tisseyre, percussions, tous experts en matière de musique ancienne et en particulier en ornementation dans le style renaissance. Le relai est alors pris par Philippe Léogé au piano et ses compères, tous virtuoses impressionnants dans leur domaine : Claude Egéa, trompette, Denis Leloup, trombone, Jean-Pierre Barreda, contrebasse et Fabien Tournier, batterie et percussions."
Robert Pénavayre :(http://www.classictoulouse.com-concert du 20/11/2010) |
"Le jazz s’invite dans les mélodies et structures de jadis, parfois de manière tranchée, les instruments anciens laissant soudainement la place au trio piano-basse-batterie, par exemple. Surtout, l’association ne semble jamais saugrenue, résultat d’un travail minutieux. Grâce à des arrangements soignés, le mariage et l’intégration de modes de jeu distincts, ou leur enchaînement au cœur-même des pièces, a toute la fluidité requise. Sont ainsi mis en lumière les points de convergence entre des pratiques esthétiquement et temporellement disparates."
David Cristol : http:/www.jazzmagazine.com, Mai 2016 |
Au royaume du cornet à bouquin et de la sacqueboute | |
Le cornet à bouquin
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La Sacqueboute
C'est au XVème siècle qu'apparaît la sacqueboute, qui donnera à la fin du XVIIIème siècle le trombone à coulisse. De l'ancien français "sacquer" et "bouter", c'est à dire "tirer" et "pousser", son nom fait référence au mouvement du bras qui actionne la coulisse. Un pavillon plus étroit qu'aujourd'hui et par conséquent plus directionnel, une embouchure peu profonde et l'utilisation de la coulisse offrent à l'instrumentiste la possibilité d'une grande virtuosité. En outre, La sacqueboute peut avoir une sonorité puissante autant que douce. Elle sera particulièrement associée, au cornet à bouquin, pour soutenir les voix du chœur (colla voce) dans la musique sacrée. |
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